Rôle inversé... Ou pas - Jay

« De mon point de vue le plus affligeant dans tout ça ce n’est pas ton instabilité émotionnelle, ça c’est ton héritage génétique, Jeune Maître, mais le fait qu’à bientôt 90 ans tu ne sache toujours pas faire un nœud de cravate tout seul. »
Duke avait grondé en levant les yeux au ciel alors qu’il  arrangeait méthodiquement et avec la simplicité de l’habitude la dite cravate.  Il avait parfois du mal à croire qu’ils avaient presque le même âge. Est-ce que c’était leur longévité différente qui empêchait le premier de mûrir correctement? Ou est-ce que c’était propre à sa nature ? Son regard avait dérivé vers l’entrée ou se trouvaient ses bagages, ceux de son épouses et ceux de leur excentrique patron. Son nez s’était plissé. C’était définitivement génétique. Assurément et il était fort à parier que comme le patriarche , Jay ne change jamais réellement.  C’était inscrit dans sa chair. Il n’avait même pas fait mine de reculer quand le coréen s’était penché vers lui après avoir fait un pas supplémentaire dans sa direction.  Il supposait qu’il cherchait à le mettre mal à l’aise mais honnêtement , cela faisait bien longtemps qu’il n’était plus gêné parce que l’Astral pouvait bien dire ou faire.

« Pourquoi est-ce que j’aurai du apprendre alors que quelqu’un le fait si bien pour moi ?
– Ah.. je suppose que c’est à toi que les gens font référence quand ils utilisent l’expression être « né avant la honte. » Sois sérieux cinq minutes et commence par ne pas mettre Kenya dans une situation plus difficile qu’elle ne l’est.  Te gérer...je te promet que nous devrions recevoir une médaille pour ce travail.
– J’ose espérer que tu ne dis pas cela parce que tu espère que je vais réellement t’obéir…?
– Non. J’ai passé l’âge d’avoir des utopies. » 

Ses yeux brillaient d’amusement mais en cet instant pour la première fois, Jay sembla remarquer qu’il avait vieillit.  Quand est-ce que c’était arrivé ? Pourquoi ? Comment… ? L’idée que son ami le plus ancien et le plus cher peut-être aussi, celui qui avait été a ses cotés pendant autant d’années, était réellement sur la dernière ligne droite. Trente ans à l’échelle humaine c’était lent. Peut-être que même pour lui, un métamorphe, c’était long. Mais Jay lui ...il avait cette parfaite conscience du fait que cela passerai en un battement de cils.

Et il détestait cela.
Il détestait encore plus le fait que Duke vive avec l’insolence de quelqu’un qui n’en à aucune conscience.  Il était resté immobile dans le salon alors que le soir tombé et que la famille quittait les lieux puis la ville et pour ce qu’il en savait sans doutes le pays. Son père aimait tenter de nouvelles expérience un peu de partout dans le monde.  On ne pouvait nier qu’il avait un sens certain du commerce.

Cette constatation l’avait mit de si mauvaise humeur qu’il avait passé le reste de ce début de soirée. Il n’avait même pas eu le cœur à se chamailler avec sa nouvelle « Boussole de Moralité » comme son père les désignait. Jay préférait les appeler ses « nounou ». c’était plus réaliste.  L’ouverture s’était faite sans accrocs, ils avaient commencé à filtrer les entrées et il s’était installé dans un coin du bar, visiblement pas d’humeur joueuse.

Chose qui , quand on y pensait : était assez rare pour être remarquée.

La situation avait basculé quand ce type était entré dans le club.  Pour commencé , il ne ressemblait pas à quelqu’un qui pouvait s’y trouver. Et quand bien même : il ne l’aimait tout simplement pas. C’était une de ses humeurs ineffables qui le saisissait et auxquelles il avait appris a faire confiance. Directement, l’intru s’était approchée de Kenya Riley et ça avait suffit pour mettre ses sens en alerte, l’étreinte ne semblait pas réellement emballer l’animorphe et par habitude il s’était rapproché quand il avait entendu le ton monter.

Si la jeune femme était différente, Jay lui n’était pas du genre à éviter le conflit et quand les mots qui avaient franchis le seuil des lèvres de l’inconnu avaient dépassé le stade du supportable a son goût, le propriétaire s’était  avancé de sa démarche démesurément souple et presque trop lente du couple.

Il avait accroché sur son visage son sourire tordu, et ses yeux brillaient de cette étrange noirceur qui n’apparaissait que dans les instant ou il savourait sa propre cruauté.  Il avait posé une main sur l’épaule de l’homme pour attirer son regard et quand leurs yeux s’étaient croisés il avait glissé son ordre dans son esprit et avait ricané en le sentant résister, cependant appuyant sur son épaule avec insistance sans relâcher sa pression mentale sur lui il  avait fini par le faire agenouiller.

« BAM ! »

Sans prévenir il lui avait asséné un coup de pied dans le ventre et sans se soucier des regards qui étaient désormais sur eux , il avait profité que sa victime soit recroquevillée pour poser avec brutalité son pieds gauche sur son dos, entre ses deux omoplates forçant jusqu’à ce que malgré ses gémissement de douleur et de protestations le front de l’inconvenant rencontre le sol.

« Demande...pardon. Et ...demande-le bien. » Il avait demandé. Exigé. Ordonné. Sa voix grave suintant de venin alors qu’il continuait d’appuyer de tout son poids sur le corps martyrisé. Enfin son regard s’était posé sur Kenya. « Et toi . Pourquoi tu te laisse insulter ? Cet endroit est remplie de vigils ! Pourquoi est-ce que tu n’appelle pas à l’aide? » Il avait accusé. Agressif.

De toute façon il était de mauvaise humeur.
Probablement que s’occuper de ce mec était l’occupation qui allait lui ramener un peu de joie de vivre ?

Naturellement il avait bafouillé des excuses entre deux cris de panique, mais ce n’était pas comme si Jay se préoccupait réellement du fait qu’il s’excuse ou non. Il n’aurai pas été tout à fait lui s’il en avait eu quelque chose de concret a faire et de toute façon la ténacité de sa rancœur avait quelque chose de légendaire, tout comme la haine qu’il pouvait concevoir tout à fait gratuitement envers des objets ou des personnes qui , dans le fond ne l’avaient jamais atteint lui directement.

Eh bien il supposait que cette fois il y avait une justification à sa rage, il s’en était pris à cette femme. Kenya était « sa personne ».  sa possessivité avait quelque chose de troublant et de peut-être même dangereux et sans doutes que la jeune fille n’aurai pas aimé l’entendre penser qu’elle lui appartenait, mais c’était les fait, en quelques sortes du moins. Il était une des raisons de sa venue au monde quand on y pensait et sans doutes que d’une façon ou d’une autre il serai encore la cause de bien des naissances. Qu’il le désire ou non, c’était la tâche qui incombait aux Riley depuis tellement et tellement d’années que même le Dusk en avait perdu le compte. Est-ce que c’était du temps de son grand-père ? Ou du père de son grand-père ? Combien d’entre eux étaient venus au monde dans cette maison ?

Sans doutes que avant que la famille ne s’installe en Ecosse , les ancêtres de Kenya étaient venu de Corée et que de métissages en métissages ...ils étaient aujourd’hui si différents. Les Baek eux : n’avaient pas changés, il n’était que le second d’entre eux à naître sur le territoire. Son grand-père ? Personne n’en était sur et de ça non plus on ne parlait pas. De reste il ne nourrissait pas à ce sujet une trop grande curiosité. Ce qui comptait c’était qu’il prenait la plupart des insultes qu’on lui adressait à elle comme un manque de respect évident envers lui.  Et Jay n’avait jamais apprécié le manque de respect.

La réponse de Kenya avait finir de le mettre hors de lui et l’avait ramené dans l’instant présent. C’était vraiment la chose la plus stupide qu’il avait entendu depuis des années et pourtant il était habitué a entendre ce genre de choses. Il avait tendance a croire qu’il était entourés d’imbéciles. Au moins il avait pensé que la métamorphe était une forme d’exception.  Il avait serré les dents et ses yeux sombres avaient lui d’une de ces lueurs bleutés qui avait tendance à révéler les Dusk au grand jour. Ça avait été rapide. Mais présent et aussi glacial que possible.

«  Qui ? Qui t’a dit de ne jamais rien demander, hein ? Ce n’est sans doutes pas moi. Mon Père ? Il n’est pas là ? Duke ? Je l’emmerde. Alors dit-moi. Qu’est-ce que tu pensais faire hein ?! Tu n’es plus une gamine putain. Quand une ordure s’approche fait la expulser et ..tu ira dire au portier de ce soir qu’il est Viré..Je suppose que c'est de ma faute pour avoir engagé un incompétent. »

Il avait continué en appuyant d’autant plus son pied sur le dos de sa victime. L’homme avait cherché à protester mais clairement il n’avait pas assez d’air pour pousser un cri convainquant.  Ses  yeux et ceux de Kenya s’étaient une nouvelle fois croisé et son ordre lui avait arraché un rire mauvais.

«  Le lâcher ? Qu’est-ce que cela change s’il à compris ? Je n’ai jamais dis que je le relâcherai s’il s’excusait ou s’il comprenait. »

Non , il ne l’avait pas dit et même s’il l’avait fait, ce n’était pas dit qu’il l’aurai réellement relâché sans tenter de faire quoique ce soit en suite. Plus tard.  Enfin , pour le moment il était important de remettre les choses en place. Retirant son pied il s’était penché pour attraper le col de l’homme et le forcer à se relever malgré la souffrance et sans doute la peur. C’était mieux.  Les gens qui avaient peur étaient plus facilement suggestible.

« On va finir cette conversation dans mon bureau. On ne va pas dérager d’avantage les clients. Kenya, je ne te montre pas le chemin? »

Cynique. Il avait cependant traîné son titubant nouvel ami en direction de la sortie de l’espace de danse et hors de la partie publique de l’établissement pour profiter un peu du calme.

Tu parle d’une soirée gâchée.
Au moins il avait en partie obéi.
Il ne le tenait plus sous son pied.